- Qu’est-ce que l’Holocauste?
- Quelle est l’origine du mot “Holocauste”?
- Quand se tient le jour du souvenir de l'Holocauste?
- Qu’est-ce qu’un livre du souvenir?
- Quand la presse américaine publia-t-elle ses premiers rapports sur la “Solution finale”?
- Quand le gouvernement des Etats-Unis découvrit-ils les tentatives systématiques menées par les Nazis pour assassiner tous les Juifs d'Europe?
1. Qu’est-ce que l’Holocauste?
On désigne par le terme Holocauste la persécution et l'annihilation systématiques soutenues par l'Etat des Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs entre 1933 et 1945. Les Juifs furent les victimes principales de cet Holocauste -- six millions d'entre eux furent assassinés ; les Roma et les Sinti (Tziganes), les personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux, et les Polonais, furent également la cible de destruction ou de décimation pour des raisons raciales, ethniques ou nationales. Des millions d'autres, dont des homosexuels, des Témoins de Jehovah, des prisonniers de guerre soviétiques et des dissidents politiques, subirent une oppression sévère, ou furent tués dans l'Allemagne nazie.
Pour en savoir plus sur l'Holocauste, visitez l'encyclopédie en ligne de l'Holocauste du musée, qui contient des articles, des photographies, des cartes et d'autres ressources.
2. Quelle est l’origine du mot “Holocauste”?
Le mot holocauste vient du grec ancien olos, qui veut dire "entier", et kaustos ou kautos qui veut dire "brûlé". Apparaissant dès le cinquième siècle avant Jésus-Christ, ce terme peut désigner un sacrifice totalement consommé par le feu ou une grande destruction de vie, en particulier par le feu.
Si le terme holocauste, dans son sens d'offre sacrificielle consumée par le feu, n'a pas de connotation religieuse spécifique, il apparaît cependant largement dans les textes religieux au cours des siècles, tout particulièrement dans le cadre de descriptions de rituels "païens" comprenant des sacrifices consumés par le feu. Dans les textes non religieux, le terme holocauste dénote en général une "destruction complète ou totale" ; cette connotation est particulièrement dominante à partir du dix-neuvième siècle jusqu'à la course aux armes nucléaires du milieu du vingtième siècle. Durant ce temps, le terme a été appliqué à divers événements catastrophiques, allant des pogroms contre les Juifs en Russie aux persécutions et assassinats perpétrés par les Turcs sur les Arméniens durant la première guerre mondiale, en passant par les attaques japonaises sur les villes chinoises et des incendies faisant des centaines de victimes.
Les premières références aux meurtres perpétrés par les Nazis sur les Juifs d'Europe reprirent cet usage. Dès 1941, les écrivains utilisèrent occasionnellement le terme holocauste pour décrire les crimes nazis contre les Juifs, mais dans ces premières références, ils ne donnèrent pas l'exclusivité à ce terme. Au lieu de "l'holocauste", les écrivains faisaient référence à "un holocauste", soit l'un de plusieurs au cours des siècles. Même lorsqu'il était employé par des écrivains Juifs, le terme n'était pas réservé à un seul événement horrible, mais conservait son sens plus large de destruction massive. Par exemple:
Vous vous retrouvez à une période de grande tragédie pour notre peuple. Au sein même ... de notre deuil profond pour ceux qui sont tombés ... nous devons armer notre coeur pour continuer nos travaux ... et croire que des jours meilleurs viendront peut-être pour ceux qui survivront à cet holocauste. (Chaim Weizmann, lettre à Israel Goldstein, 24 décembre 1942)
Quelle pure folie que de tenter de rebâtir une vie juive [en Europe] après l'holocauste des douze dernières années ! (Zachariah Shuster, Commentaire, décembre 1945, p.10)
Cependant, à la fin des années 40, un glissement fit son apparition. Holocauste (avec un H majuscule ou minuscule) devint un terme plus spécifique, en raison de son utilisation dans les traductions israéliennes du terme sho'ah. Ce mot hébreu a été utilisé tout au long de l'histoire juive pour faire référence aux attaques envers les Juifs, mais dans les années quarante, il commença à être appliqué fréquemment aux assassinats perpétrés par les Nazis sur les Juifs d'Europe. (Les Juifs qui parlent Yiddish utilisent le terme churbn, qui est une traduction yiddishe du terme sho'ah.) L'assimilation du terme holocauste au terme sho'ah fait son apparition la plus marquante dans la traduction officielle en anglais de la déclaration d'indépendance israélienne de 1948, dans les publications traduites du Yad Vashem durant les années cinquante et dans la couverture journalistique du procès d'Adolf Eichmann en Israël en 1961.
Cet usage influença notablement l'adoption du terme holocauste (ou holocaust en anglais) comme le terme principal utilisé en anglais pour faire référence au massacre perpétré par les Nazis sur les Juifs d'Europe, mais la connexion de ce mot à la "Solution finale" ne fut fermement établie que deux décennies plus tard. La diffusion en avril 1978 du film pour la télévision intitulé Holocaust, basé sur le livre de Gerald Green portant le même nom, et l'utilisation proéminente de ce terme lors de la création par le président Carter de la commission présidentielle sur l'Holocauste plus tard la même année, cimenta cette signification dans le monde anglophone. Ces événements, associés au développement et à la création du Musée mémorial de l'Holocauste des Etats-Unis durant les années quatre-vingt et quatre-vingt dix, établit le terme Holocauste (avec un H majuscule) comme étant le terme standard utilisé pour faire référence à l'annihilation systématique des Juifs d'Europe par le régime nazi allemand.
Sources: Jon Petrie, "The Secular Word 'HOLOCAUST': Scholarly Myths, History, and Twentieth Century Meanings," Journal of Genocide Research 2, no. 1 (2000): 31-63.
Zachariah Shuster, "Must the Jews Quit Europe? An Appraisal of the Propaganda for Exodus," Commentary 1, no. 2 (1945): 9-16.
Chaim Weizmann, Letter 360, dans The Letters and Papers of Chaim Weizmann (London: Oxford University Press, 1968-1980), 20:383.
Pour plus d'informations sur l'histoire du terme Holocauste, consultez les sources suivantes:
- Bartov, Omer. "Antisemitism, the Holocaust, and Reinterpretations of National Socialism." Dans The Holocaust and History: The Known, the Unknown, the Disputed, and the Reexamined, édité par Michael Berenbaum et Abraham J. Peck, 79-80. Bloomington: Wesleyan University Press, 1998.
- Garber, Zev, et Bruce Zukerman. "Why Do We Call the Holocaust 'The Holocaust.'" Modern Judaism 9, no. 2 (1989): 197-211.
- Tal, Uriel. "Excursus on Hermeneutical Aspects of the Term Sho'ah." Annexe à son article, "On the Study of the Holocaust and Genocide." Yad Vashem Studies 13 (1979): 7-52.
- Tal, Uriel. "Holocaust." Dans Encyclopedia of the Holocaust, 681. New York: Macmillan, 1990, p.1799.
- Young, James. "Names of the Holocaust: Meaning and Consequences." Chapitre 5 de Writing and Rewriting the Holocaust: Narrative and the Consequences of Interpretation. Bloomington: Indiana University Press, 1988.
3. Quand se tient le jour du souvenir de l'Holocauste?
Le jour du souvenir de l'Holocauste (Holocaust Remembrance Day), aussi connu sous le nom hébreu de Yom Hashoah, tombe le 27ème jour du mois hébreu de Nisan. Le parlement israélien, la Knesset, a choisi cette date parce qu'elle tombe entre la date du début du soulèvement du Ghetto de Varsovie et le jour d'indépendance d'Israël, et aussi parce qu'elle tombe durant la période de deuil traditionnel juif connu sous le nom de Décompte du Omer.
Vous trouverez ci-dessous les dates du calendrier grégorien qui correspondront à ce jour de commémoration pour les dix années à venir:
- 2013 lundi 8 avril
- 2014 lundi 28 avril
- 2015 jeudi 16 avril
- 2016 jeudi 5 mai
- 2017 lundi 24 avril
- 2018 jeudi 12 avril
- 2019 jeudi 2 mai
- 2020 mardi 21 avril
- 2021 jeudi 8 avril
- 2022 jeudi 28 avril
Pour plus d'informations sur l'histoire et le respect de la journée de commémoration de l'Holocauste, consultez les sources suivantes:
Greenberg, Irving. "The Shattered Paradigm: Yom Hashoah." Chapitre 10 dans The Jewish Way: Living the Holidays. New York: Touchstone, 1993
4. Qu’est-ce qu’un livre du souvenir?
Les livres du souvenir font la chronique des communautés juives détruites durant l'Holocauste. Ces livres rares présentent une histoire unique des shtetls, villes ou régions d'Europe, et sont souvent l'une des seules sources restantes décrivant la population d'une ville, ainsi que ses institutions culturelles, religieuses et sociales. De ce fait, ces livres représentent une ressource très précieuses pour les érudits et les personnes établissant l'histoire de leur famille, et offrent des aperçus personnels de la vie juive avant, pendant et après l'Holocauste.
Les premiers livres du souvenir furent rédigés immédiatement après la guerre, quand le rassemblement des éléments restants de la vie et de l'histoire de leur communauté représentait l'un des premiers objectifs des survivants de l'Holocauste. La rédaction de certains livres du souvenir commença dans les camps pour personnes déplacées, alors que d'autres apparurent souvent après les efforts intenses des landsmanshaften, les sociétés d'aide mutuelle des immigrants constituées en Israël et en Amérique du Nord et du Sud. Grâce à leurs efforts collectifs, environ mille livres du souvenir honorant les vies perdues et les communautés détruites d'Europe virent le jour.
Chaque livre du souvenir est différent des autres, et son contenu est largement déterminé par les registres, images et souvenirs qui survécurent à la guerre. Cependant, ils ont souvent des éléments communs:
- Texte en hébreu et/ou yiddish, avec parfois une introduction ou un résumé en anglais et/ou allemand.
- Une histoire du shtetl, remontant parfois à la fondation de la ville.
- Descriptions de la vie de la communauté.
- Récit sur l'Holocauste dans la communauté, décrivant l'établissement des ghettos, les exécutions, les déportations, la résistance, etc.
- Liste des résidents de la ville ou des victimes de l'Holocauste originaires de cette ville.
- Descriptions de la vie après-guerre, soit dans la communauté soit des résidents du shtetl ayant immigré ailleurs.
- Photographies du shtetl et de ses résidents.
Du fait que bon nombre des livres du souvenir sont rédigés en hébreu et/ou en yiddish, la langue est souvent une barrière aux efforts des historiens familiaux. Peu de ces ouvrages ont été entièrement traduits. Dans la plupart des cas, des volontaires motivés par leurs propres besoins et intérêts traduisent des parties d'un livre et mettent ces traductions à la disposition des personnes effectuant des recherches similaires.
Pour trouver la traduction de certains titres, ainsi que d'autres informations d'intérêt sur les livres du souvenir, consultez le projet en ligne du JewishGen sur les livres du souvenir. Ce site fournit des traductions, des listes de bibliothèques et des commerçants ayant les éléments appropriés, une base de données sur les livres du souvenir et un index de nécrologie, sur lesquels il est possible d'effectuer des recherches.
Le Dorot Jewish Division de la bibliothèque publique de New York est en train de créer une collection ouverte au public de reproductions numériques des livres du souvenir, accessible depuis la page en ligne intitulée Yizkor Books (livres du souvenir). Des réimpressions de ces livres du souvenir sont disponibles auprès du centre national du livre du souvenir (National Yiddish Book Center).
Pour plus d'informations sur les livres du souvenir détenus par la bibliothèque du Musée mémorial de l'Holocauste des Etats-Unis, consultez la liste des livres du souvenir (en anglais):
5. Quand la presse américaine publia-t-elle ses premiers rapports sur la “Solution finale”?
La presse américaine publia des articles traitant de la violence nazie envers les Juifs dès 1933, et à compter de 1938, le nombre de rapports traitant des mesures anti-juives telles que les lois de Nuremberg, et d'autres occurrences de violence anti-sémitique, avaient notablement augmenté. En 1941, alors que les violences anti-juives prenaient de l'ampleur, les journaux commencèrent à publier des descriptions du massacre en masse des Juifs par les Nazis ; certains journaux utilisaient même le terme "extermination" pour décrire ces meurtres en masse. Cependant, ce n'est que fin 1942 que le public américain reçut confirmation officielle de ces rapports. Le 24 novembre de cette année-là, le rabbin Stephen Wise déclara lors d'une conférence de presse que le ministère des Affaires étrangères avait étudié et confirmé des rapports sur la campagne d'extermination menée par les Nazis contre les Juifs d'Europe. Quelques semaines plus tard, le 17 décembre, les gouvernements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, et dix gouvernements alliés publièrent une déclaration officielle confirmant et condamnant la politique d'extermination menée par Hitler contre les Juifs. Malgré le statut officiel de ces déclarations, la plupart des quotidiens américains en minimisèrent l'importance en les publiant dans leurs pages intérieures. Le New York Times, par exemple, n'accorda place sur sa couverture qu'au second de ces rapports officiels, reléguant la conférence de presse du rabbin Wise en page dix.
Sources:
- Deborah Lipstadt, Beyond Belief: The American Press and the Coming of the Holocaust (New York: Free Press, 1986).
- David S. Wyman, The Abandonment of the Jews (New York: The New York Press, 1998).
- "Wise Gets Confirmation: Checks with State Department on Nazis' 'Extermination Campaign,'" New York Times, 25 novembre 1942, p. 10.
- "11 Allies Condemn Nazi War on Jews: United Nations Issue Joint Declaration of Protest on 'Cold-Blooded Extermination,'" New York Times, 18 décembre 1942, p. 1, 10.
Copie du câble envoyé par Gerhart Riegner — American Jewish Archives
Bien que des renseignements et des rapports de presse aient révélé la violence exercée par les Nazis envers les Juifs dès 1933, ainsi qu'une augmentation spectaculaire de cette violence en 1941, les chercheurs s'accordent généralement sur le fait que le gouvernement des Etats-Unis ne reçut pas de confirmation fiable de l'étendue réelle de la "Solution finale" nazie avant août 1942.
Le 1er août 1942, Gerhart Riegner, l'un des représentants du Congrès juif mondial en Suisse, reçut des informations émanant d'une source allemande concernant un plan nazi consistant à exterminer tous les Juifs d'Europe. En raison de la nature choquante et presque incroyable de ce rapport, Riegner ne transmit pas cette information avant d'en avoir étudié la source. Une semaine plus tard, convaincu de la fiabilité de son informant -- bien qu'incapable de confirmer l'information elle-même -- Riegner demanda au consulat américain de Genève de câbler cette information aux gouvernements américain et alliés, et au rabin Stephen Wise, président du Congrès juif mondial à New York. Cependant, en raison de la nature non confirmée du rapport de Riegner, le ministère des Affaires étrangères décida de ne pas transmettre ce rapport au rabbin Wise et l'étouffa.
Dans les mois qui suivirent, alors que les rapports décrivant des massacres de Juifs ne cessaient d'augmenter, un nombre croissant de preuves validant l'idée que les Nazis avaient mis en place un plan visant à détruire tous les Juifs d'Europe s'amoncela. Finalement, le 24 novembre 1942, le rabbin Wise donna une conférence de presse pour annoncer la nouvelle de la "campagne d'extermination" menée par les Nazis. Quelques semaines plus tard, le 17 décembre 1942, les gouvernements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de dix autres pays alliés officialisèrent la nouvelle, car ils avaient suffisamment confiance dans leurs preuves pour rendre publique leur connaissance du plan nazi d'extermination systématique de tous les Juifs d'Europe.
Sources:
- Walter Lacquer, The Terrible Secret: Suppression of the Truth About Hitler's Final Solution (New York: H. Holt, 1998).
- David S. Wyman, The Abandonment of the Jews (New York: The New York Press, 1998).
- David S. Wyman, America and the Holocaust: A Thirteen-Volume Set Documenting the Editor's Book The Abandonment of the Jews (New York: Garland, 1989-1991).
Pour plus d'informations sur la réaction du gouvernement des Etats-Unis à la persécution des Juifs européens, consultez l'article de l'encyclopédie de l'Holocauste intitulé "The United States and the Holocaust" (Les Etats-Unis et la Shoah) ainsi que la bibliographie de la bibliothèque (bibliography) du musée listant les livres et autres ressources traitant de ce sujet.