Dans les années 1920 et 1930, Julius Hermanns était un négociant en tissus respecté dans la ville allemande de Mönchen-Gladbach. Il fut arrêté en septembre 1938, déporté à Dachau, puis plus tard à Buchenwald. Sa famille tenta désespérément de le faire relâcher et il fut libéré à la mi-avril 1939. Depuis New York, son beau-frère acheta un permis de débarquer cubain à un réfugié allemand qui était à La Havane. Julius réserva un billet sur le Saint Louis, mais n’avait pas les moyens de payer les billets et les frais de débarquement pour sa femme Grete et sa fille de 15 ans, Hilde, qui durent rester en Allemagne.
Quand le Saint Louis accosta à Anvers au retour de Cuba, Julius fut envoyé en France, espérant que sa femme et sa fille pourraient l’y rejoindre. Mais lorsque la guerre éclata quatre mois plus tard, il fut arrêté en tant que « ressortissant d’un pays ennemi ». Libéré en avril 1940, Julius fut de nouveau arrêté le mois suivant par les Français après l’invasion allemande. Il participa à une longue marche forcée avec d’autres prisonniers, au milieu des civils en fuite et des soldats français battant en retraite. Finalement, il fut envoyé à Saint-Cyprien, un camp d’internement sordide près de la frontière espagnole.
Ayant abandonné la majorité de ses biens au cours de la marche forcée, et ayant peu d’argent et de nourriture, Julius tomba malade. Il écrivit à des parents aux États-Unis pour leur demander de lui faire parvenir de la nourriture en conserves et des dollars afin de se rendre à Marseille et contacter le consulat américain. Il fut transféré dans les camps d’internement de Gurs et des Milles et attendit l’arrivée de ses papiers et ses visas.
Dans une lettre à un ami, Julius décrivait son sort tragique : « Quand on lisait ou entendait parler des anciens récits de voyages à propos des camps de prisonniers, etc., à propos des conditions de vie là-bas, on pensait que ces choses étaient impossibles. Maintenant que je le vis en personne, la question qui doit être posée est : comment est-il possible qu’une telle chose puisse se produire au XXème siècle ? ».
En 1942, il devint de plus en plus difficile de quitter la France de Vichy ; en mars, les déportations commencèrent. Le 11 août 1942, Julius fut envoyé avec le premier convoi de prisonniers des Milles à Drancy, un camp de transit à Paris. Trois jours plus tard, il fut déporté à Auschwitz-Birkenau où il mourut.
Le 11 décembre 1941, sa femme Grete et leur fille Hilde furent déportées avec d’autres parents vers le ghetto de Riga où elles furent probablement tuées.