Dans les années 1920 et 1930, les Dingfelder exploitaient une boucherie casher dans la ville allemande de Plauen. Lorsque les mesures anti-juives s’intensifièrent dans le Reich, le fils aîné de la famille, Martin, émigra aux États-Unis. En 1939, le reste de la famille—Leopold, sa femme Johanna et leur fils de 15 ans, Rudi—embarqua sur le Saint Louis à destination de Cuba, où ils avaient l’intention de rester jusqu’à ce que leurs numéros de quota pour les États-Unis soient appelés.
Après avoir débarqué du Saint Louis à Anvers, les Dingfelder se rendirent à Rotterdam. Puis, ils s’installèrent à Gouda aux Pays-Bas. En 1942, les nazis commencèrent à déporter les Juifs d’Europe de l’Ouest vers Auschwitz-Birkenau. Rudi Dingfelder fut arrêté par la Gestapo le 9 octobre et conduit au camp de transit de Westerbork. Ses parents furent arrêtés peu de temps après et déportés à Auschwitz-Birkenau où ils moururent. Rudi fut enrôlé pour des travaux forcés dans l’usine d’aviation Dornier aux Pays-Bas. Plus tard, il fut transféré au camp de concentration de Vught, puis de nouveau à Westerbork et finalement à Auschwitz en mars 1944.
Rudi fut à nouveau enrôlé pour des travaux forcés à l’usine Siemens-Schuckert dans le sous-camp d’Auschwitz, Bobrek. En janvier 1945, tandis que l’Armée Rouge avançait, les SS commencèrent à évacuer les prisonniers d’Auschwitz vers l’intérieur des territoires allemands. Après un périple de presque deux semaines dans un froid glacial et avec peu de nourriture, Rudi arriva à Buchenwald. Dans les quelques jours qui suivirent, il fut envoyé au complexe Siemens à l’extérieur de la ville de Berlin où il resta jusqu’à l’avancée des Soviétiques. Les prisonniers furent d’abord transférés au camp de concentration de Sachsenhausen, puis évacués dans une « marche de la mort ». Près de Schwerin, Rudi et quatre autres prisonniers tentèrent de s’échapper. Seul Rudi survécut et fut retrouvé par les troupes alliées. Il retourna finalement à Gouda et rejoignit son frère Martin aux Etats-Unis en 1946.