
Asile refusé
L’histoire des passagers du Saint Louis
Le 13 mai 1939, plus de 900 réfugiés juifs fuyant l’Allemagne nazie quittaient Hambourg et naviguaient vers ce qu’ils pensaient être un lieu sûr. Voici l’histoire de leur malheureuse odyssée.
Aujourd’hui, on se souvient du Saint Louis—un luxueux paquebot transatlantique allemand—en raison de son tragique voyage depuis Hambourg à la fin du printemps 1939, avec 900 Juifs à son bord, tous fuyant les persécutions nazies. Ces passagers s’attendaient à être accueillis à Cuba, mais ils furent refoulés avant même d’avoir posé le pied sur l’île. Le bateau mit alors le cap sur les États-Unis. Alors qu’il naviguait le long des côtes de Floride et que ses passagers apercevaient les lumières de Miami, le gouvernement des États-Unis ignora les demandes d’asile des Juifs—bien que de nombreuses personnes à bord eussent déjà introduit une demande de visas américains.
Le Saint Louis n’eût d’autre choix que de remettre le cap sur l’Europe où quatre pays européens acceptèrent les passagers. Toutefois, ces nouveaux refuges ne présentaient pas une garantie de sécurité. Quelques mois plus tard, la guerre éclata et les Allemands occupèrent rapidement trois des quatre pays qui avaient accepté les passagers. Nombre d’entre eux furent assassinés pendant la Shoah. L’histoire tragique du Saint Louis met en lumière les intérêts personnels, la xénophobie et l’antisémitisme qui eurent pour résultat que non seulement Cuba, mais également les États-Unis fermèrent leurs portes aux Juifs qui fuyaient l’Allemagne nazie. Un historien a, à juste titre, intitulé l’histoire du Saint Louis le « microcosme de l’Holocauste ». Sans aucun doute, ce voyage révèle le climat politique ambiant à la veille de la pire guerre—et des événements les plus tragiques—de l’histoire de l’humanité.
L’United States Holocaust Memorial Museum a retracé le sort de chaque passager du Saint Louis. Le personnel du Musée a effectué une recherche méticuleuse en dépouillant les manifestes des bateaux, les archives nationales et communautaires, les dossiers de la Croix-Rouge, les documents nazis et les témoignages de survivants, à la recherche de toute personne qui détiendrait des informations à propos de ces passagers. En observant de plus près le tragique voyage du paquebot et le sort de ses passagers, l’invérifiable chiffre de six millions de Juifs ayant péri durant la Shoah prend une dimension individuelle qui conduit à mesurer l’ampleur de la perte.